Depuis notre création, nous collaborons avec la Fondation Kriibskrank Kanner en offrant des visites à leur domicile à des enfants gravement malades suivis par cette fondation. Comme l’explique ci-dessous notre clown Nitouche, ce type d’intervention demande beaucoup de délicatesse et d’attention car il s’agit d’entrer en relation avec l’enfant et sa famille au sein de leur foyer.

Nitouche (clown hospitalier expérimenté) :
« Souvent nous connaissons les enfants pour les avoir déjà vus à l’hôpital mais ce n’est pas toujours le cas. Après une première prise de contact, nous proposons à la famille notre visite mensuelle gracieusement offerte, qui se fait toujours à 2 clowns hospitaliers comme lors de nos interventions dans les services pédiatriques, foyers de jour et maisons de soin pour nos aînés.
A partir de là va s’établir une relation privilégiée grandissante tant avec l’enfant qu’avec les parents que nous contactons chaque mois en amont de notre venue, sans oublier les frères et sœurs, s’il y en a, souvent présents et réceptifs. La régularité va permettre d’apprendre à se connaitre, de part et d’autre, autrement qu’à l’hôpital car le temps passé ensemble est plus long. Et surtout, en nous accueillant à son domicile, la famille nous ouvre une part de sa vie en toute confiance.
A travers le jeu et l’écoute, l’enfant peut partager ses préoccupations avec nous les clowns hospitaliers. D’un côté, nous savons être là, si besoin, pour accueillir sa colère face aux soins parfois douloureux prodigués à l’hôpital, son incompréhension face à la maladie, sa façon de ressentir l’inquiétude dans son entourage, le fait de se sentir isolé socialement. D’un autre côté, nous lui permettons, en toute complicité, une parenthèse dans son quotidien où la légèreté s’invite, oubliant ainsi les contraintes et les règles le temps de notre présence. Nous jouons ensemble en essayant de faire en sorte que l’enfant soit le plus actif possible, selon son énergie. Il arrive aussi que l’adulte présent profite de notre oreille attentive pour évoquer ses doutes et questionnements dans cette période difficile, souvent longue, que traverse la fratrie au complet. Derrière chaque clown hospitalier professionnel, il y a un adulte censé, sensible et stable qui tente de gérer au mieux des situations délicates toujours uniques.

C’est un lien dans la durée qui se tisse peu à peu à chacune de nos visites à domicile. Il nous arrive de suivre des familles sur plusieurs années. Dans la plupart des cas, l’état de santé de l’enfant s’améliore et la vie reprend son cours presque normalement. Alors nous mettons un terme à nos visites et sommes heureux et reconnaissants pour ce petit bout de chemin parcouru ensemble. Parfois, et c’est heureusement plus rare, l’enfant vient à décéder. C’est à chaque fois une épreuve.
Dans quelle mesure continuer à être présents dans les derniers temps, bien-sûr toujours en accord avec la famille et quelles sont les demandes de celle-ci ? Que ressentons-nous, nous les clowns hospitaliers ? Comment vivons-nous ce deuil, à notre échelle naturellement ? Pas de réponse toute faite, ni de méthode car il s’agit là de relations humaines qui vont au-delà du cadre professionnel dans lequel nous agissons. Nous éprouvons de la tristesse, chacun à sa manière et à hauteur de l’attachement que nous avons pour cet enfant… »

Anita L., la maman de la petite Chiara que nous suivons depuis plusieurs années, a souhaité partager ce témoignage :
« Les visites régulières des clowns hospitaliers ont apporté une lumière inattendue dans les journées souvent sombres de ma fille. Malgré la gravité de sa maladie, chaque passage de ces artistes du cœur faisait naître sur son visage un sourire vrai, presque oublié. Ils lui ont offert des moments de légèreté, de rire et d’évasion, qui lui permettaient de redevenir simplement une enfant, ne serait-ce que pour quelques heures. Leur présence a aussi réchauffé notre famille, en nous rappelant que la tendresse et la joie peuvent trouver leur place même au cœur de l’épreuve »






